Je vous avais dit plus tôt que Christian avait trouvé la raison probable pour laquelle les jambes de train n’étaient insérées dans le tube que jusqu’à la platine latérale.
Le soudage sur tout le périmètre du tube créé un retreint intérieur important.
Si on ne prend pas de dispositions particulières, sur un tube de 45 mm de diametre et d'épaisseur 1,5mm, on peut avoir près d’un millimètre de retreint à l’endroit de la soudure, ce qui interdit de rentrer la jambe plus loin.
Et si on meule pour réaléser à la cote, on enlève beaucoup trop de la matière et on fragilise l’ensemble.
C'est probablement la difficulté à laquelle ont été confrontés les précédents propriétaires, et qu'ils ont contourné en arrêtant la jambe de train au droit de la platine...
La seule solution, pour résoudre ce problème avant qu'il ne se pose, consiste à usiner un jet en bronze du diamètre de la jambe, et ajusté pour un glissement serré ; 42mm -0,02.
Ce jet comporte une lèvre à l’extrémité qui reste en dehors du tube, afin de pouvoir appuyer un outil d’extraction.
Il est inséré aussi loin que possible dans le tube.
Dans notre cas, pas loin de 30 centimètres (et plus de 4kg, quand même...)
Pourquoi le bronze ?
Pour ses qualités auto-lubrifiantes, sa capacité à encaisser la chaleur et son point de fusion élevé, et sa relative élasticité…
Le jet est inséré dans le tube sans difficulté, et Christian peut confortablement attaquer la soudure circulaire, le travail se faisant debout et non pas plié sous le fuselage :
Une fois la soudure refroidie, il faudra extraire le jet à la masse en y allant de bon cœur.
Le retreint de 2/100emes, et la formation d’une goutte de métal de la taille d’une tête d’épingle suffiront à freiner la sortie de l’insert, d'où l'importance d'avoir laissé la lèvre d'appui...
L’utilisation de tout autre métal pour cette opération aurait eu des conséquences désastreuses pour la suite : L’alu aurait fondu, l’acier se serait soudé.
Dans les deux cas, l’extraction aurait été impossible.
Après un petit passage à l’abrasif pour ôter le « grain d’orge » et amoindrir le retreint, le jet entre et sort à nouveau à la main.
On essaye pour la première fois les nouvelles jambes qui rentrent sans problème.
Une fois les deux cotés traités de la même manière, le reste des soudures ne pose pas de difficultés particulières, surtout quand l’artiste peut travailler confortablement.
La soudure est un art lumineux, et j’aime beaucoup la photo suivante pour sa lumière et ses couleurs :
Voila, le train est réparé.
Ce n’est pas la fin des travaux pour autant.