Voyage répliques 14/18 jusqu'à VERDUN pour commémoration.

[alain roy]

Bonjour à tous,

Fin d'année 2023, mon ami "Toms" me demande si je suis partant pour aller jusqu'à Verdun pour un week end Aviation sur le champ de bataille de Verdun. Les organisateurs voudraient plusieurs appareils de la grande guerre pour faire un grand défilé aérien en mémoire des aviateurs tombés au champ d'honneur à Verdun.

Si nous y allons, on pourra voler de concert avec les répliques (avions) de Thierry Roussel, Luxembourgeois bien connus dans le milieu dont le PUP et le Nieuport 28 sont bien superbes.

Les combats aériens à Verdun ayant débutés en 1916, le Nieuport 17 (1916) de Toms est de fait dans la bonne période.
Ma réplique tombe également pile poil dans la bonne tranche puisque mis en ligne par les Anglais à partir de Mars 1917 jusqu'à la fin de la guerre.

Etant donné que Toms fait le déplacement, je ne vais surtout pas refuser, c'est une occasion inespérée de traverser les airs où règnes un parfum de combats aériens, vieux de plus de 100 ans mais qui a fait beaucoup, beaucoup, beaucoup de victime,....

une occasion rêvée de rendre un vibrant hommage à nos anciens.

mais aussi une nouvelle occasion de voler avec Toms et surtout de se retrouver !
Dans sa réponse il donne donc mes coordonnées.

On attend quelques mois...

Après échanges avec l'organisatrice du mémorial de Verdun, les accords sont donnés.

Transmissions de la doc de l'appareil, du pilote,

Réunions de préparation en visio avec l'organisatrice, le DV, son adjoint et les pilotes...

tout se présente très bien,

Nous recevons le programme :

Programme WEEK-END AVIATION - Mémorial de Verdun.pdf

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il n'y a plus qu'à préparer la machine

et préparer la nav de plus de 600 km à 120 km/h...
route Sud mais beaucoup de zones rouge, ... ou route Nord beaucoup plus libre...

A bientôt pour la suite.

[Ramel]

Ahhh, j'ai suivi un peu les aléas, mais les voir contés sera plaisant ! Espérons que Toms vienne en plus y ajouter ses retours

[alain roy]

Ramel oui car il a vécu une vrai épopée...mais c'est a lui de raconter ... ou pas

[Toms]

Je veux bien raconter, mais pas ce soir.
Je ne sais pas pourquoi, mais je suis un peu HS depuis mon retour…

[Toms]

Bon, allons y, on verra bien si ça intéresse quelqu'un.

Tout commence le 5 décembre 2023, lorsque Paul SAUCE m’envoie le message suivant :
« Salut Laurent, Le mémorial de Verdun a pu organiser un week-end de démonstration aérienne l'année dernière, avec notre aide. Comme ça a bien fonctionné, ils aimeraient cette année renouveler l'opérations, et l'amplifier ! J'ai pensé à toi ! Dis-moi si ça t'intéresse, je sais que c'est un peu loin… »

Paul est l’alter ego de Thierry ROUSSEL, fameux constructeur de deux magnifiques répliques, un Sopwith Pup et un Nieuport 28. Le problème quand on construit deux avions, c’est qu’on a du mal à les faire voler tous les deux en même temps… C’est pour ça que Thierry a « embauché » Paul, et que depuis ils travaillent ensemble pour présenter les deux machines en meeting.

Étant donné que je viens de cesser toute activité rémunérée, et que donc j’ai pas mal de temps disponible, je m’empresse d’accepter. Paul me demande également si je connais des gens qui seraient fana de venir. Je lui communique dans un premier temps une liste que j’ai intitulée « escadrille multirégionale » qui regroupe les noms des constructeurs de répliques de la première guerre dont j’ai la connaissance. Mais bien sûr, je pense immédiatement à faire une proposition malhonnête à Alain ROY, lequel accepte avec enthousiasme.

Quelques semaines plus tard, mes amis de la bière de l’escadrille, me proposent de participer avec eux au 107ème anniversaire de la mort du parrain de la base aérienne 107 Villacoublay (René Dorme). L’évènement a lieu dans la semaine précédant le weekend aviation de Verdun. J’avais déjà participé à un évènement équivalent en 2017, j’accepte donc en me disant qu’il me suffit d’ajouter une étape.

Les six mois qui suivent sont consacrés à des échanges de documents, mais aussi des visioconférences avec la direction des vols et avec l’historien du mémorial de Verdun qui souhaite faire une présentation aussi cohérente et historique que possible. Bien sûr, il faut aussi consacrer un peu de temps à la préparation d’une telle navigation. Le Nieuport ne se déplace qu'à 80 km/h, n’a pas de transpondeur et ne peut pas se poser sur des pistes en dur. Il faut donc choisir soigneusement les escales, ce qui n’est pas toujours complètement simple.

Du coté de Villa, on me propose de me poser la veille de la cérémonie à Étampes, et de venir me chercher avec un hélico militaire pour entrer dans les zones de Paris, comme en 2017.
Ceci étant fait, il n’y a plus qu’à attendre le jour du départ, en surveillant la météo…

[Ramel]

[serge5694]

Merci Tom de prendre tu temps pour nous conter cette aventure hors du commun. A très bientôt j'espère, pressé de lire la suite.

[bebe44]

Je salue ton retour Tom et j'attends la suite de cette épopée probablement difficile.
Ton talent de narrateur fera que nous serons nombreux à suivre ton histoire.
à te lire
bb

[Polito]

Bonjour à tous,

Comme Alain, Serge, BB44, Ramel et bien d'autres certainement, j'attends la suite avec impatience...

Toms, à te lire...

Paulo

[alain roy]

Pour ma part, préparation au voyage.

Je démonte le pare brise avant et je ferme la place avant avec une plaque d'aluminium.

A cause du boudin cuir de protection qui fait surépaisseur, la tôle ne jointe pas tout à fait mais cela me va tout de même.

Une porte est découpée dans cette tôle pour accéder au siège pax, ce qui me fait une soute à bagage pour mettre mon sac à dos; mais également le matériel d'amarrage; un bidon d'huile au cas ou; un blouson de rechange; la "branlette"; et tout le bazar que l'on emmène lorsqu'on part en voyage... toutes ces choses indispensable que l'on ramène sans y avoir touché.....

Sur la porte, je fixe une mitrailleuse, un peu petite mais bon...


Vue de l'avant

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Vue de la place pilote

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Vue en vol

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Les avions à croix noire devront passer loin de moi à Verdun,

Les essais en vol font que cette modification est très bénéfique pour mon biplan, je gagne entre 15 et 20 km/h en croisière.
Le vol me paraitra moins long .... (ça c'est désir de moi )

[Ramel]

20km/h de plus, ça fait presque 20% de plus, c'est pas mal

[Toms]

Merci les amis!
Ce sera donc un récit à 2 mains entre Alain et moi.
La suite:

Quand je consulte la météo avant un vol en Nieuport, il est une seule chose qui m’inquiète : C’est le vent de face. Début mai je suis allé amener le Nieuport pour Air Expo à Muret, et bien que le vent fût calme au sol, un petit vent d’Autant commençait à se lever en altitude. Après décollage, à peine arrivé à 1500 pieds QNH, je constatais que ma vitesse sol n’était que de 37 km/h…

Mais en cette veille de 27 mai, jour du départ vers Étampes, il me semble que je ne souffrirai pas de ce vent de face. En revanche, un gros passage pluvieux est annoncé sur le sud-ouest de la France. Au milieu de la nuit, je suis réveillé par un boucan de tous les diables. Un orage est en train de passer et déverse sur notre toit des hectolitres d’eau ! J’aurai bien du mal à me rendormir, et lorsque je me lève à 6h du matin, il pleut encore copieusement. Un coup d’œil aux METARs me dit qu’il ne pleut déjà plus à Agen. Nous subissons donc la fin du passage pluvieux. Pourvu qu’il ne pleuve pas à Maubec…

Le trajet vers le terrain dure une heure, pendant laquelle les essuie-glaces ne chôment pas ! En arrivant au terrain, le chemin est toujours aussi boueux (c’est peu dire !) Et bien sûr, il pleut toujours. J’ouvre les portes du hangar et je prépare le Nieuport à l’abri. Je commence par installer mes 2 sacs à dos à gauche du siège, un pour la technique (bidon d’huile, seringue pour faire le plein d’huile, antenne secours et chargeur Icom, googles en secours des lunettes de soleil, scotch, Sangle, tom pouce + empreintes pour ouvrir le capot, Sandow de rechange pour le train, Tiraps, fil à freiner) et un pour la logistique corporelle (Mini trousse de toilette + linge (5 T shirts, 5 slips, 5 paire de chaussettes pour 8 jours…), bouteille d’eau, casquette, crème solaire, chargeur Iphone/Ipad). Je constate tout de suite que le sac de linge prend trop de place et ne peut pas rentrer dans l’espace réduit entre le siège et la structure du fuselage. Qu’à cela ne tienne, j’enlève un T-shirt et une paire de chaussettes, et oui, je suis à ça près !

Bien qu’il pleuve, les conditions météo sont bonnes. Le plafond est suffisamment haut et la visibilité très supérieure à 10 km. Je décide donc de sortir le Nieuport. Évidemment, dès que je me retrouve sous la pluie, ça devient rapidement très désagréable. Mon blouson de cuir me protège très mal et mon crâne chauve n’aime pas les gouttes ! Je rentre la voiture dans le hangar, je ferme les portes et m’installe à bord aussi vite que possible. Après avoir enfilé le serre-tête, ça va déjà mieux, même si les gouttes de pluie maculent le pare-brise ainsi que mes lunettes, réduisant copieusement la visibilité. Je mets en route, patiente quelques minutes pour laisser chauffer la bouilloire, puis débute le roulage pour décoller en 15.

Je décolle et vire à droite pour prendre le cap vers Saint Junien. Bonne nouvelle, les conditions sont vraiment bonnes, et au bout d’une dizaine de minutes il ne pleut plus. Autre bonne nouvelle, le vent prévu est confirmé et même si ma vitesse sol de 80 km/h ne me permettra pas de battre un record, je suis sûr de pouvoir atteindre ma destination en à peine plus de trois heures. Le trajet se déroule effectivement sans encombre, et j’envoie un SMS avec mon heure estimée d’arrivée à Thierry, instructeur au club de Saint Junien, qui doit m’accueillir et me permettre de refaire le plein de carburant. Il me répond qu’il sera en vol jusqu’à midi, ça me va très bien, ça me laissera le temps de me dégourdir un peu les jambes (et de bien vider ma vessie!). Je me pose donc à Saint Junien, et après l'atterrissage, après avoir comme d'habitude mis le patin du Nieuport sur mon épaule, je rejoins la pompe à essence. Thierry se pose peu après, et m’aide à effectuer le ravitaillement. Me voilà prêt à repartir, plus qu’une étape et je serai à pied d’œuvre à Étampes.

[Toms]

Le Nieuport au ravitaillement à Saint Junien.

[Toms]

Je soulève à nouveau la queue de l’appareil, et me dirige ainsi, patin de queue sur l’épaule, vers le seuil de la piste 25 en herbe. La zone est un peu humide, mais sans plus. Je fais un dernier tour de la machine puis m’installe à bord. Contact, j’enfonce le poussoir du démarreur, et là, surprise ! Pour toute réponse, j'obtiens un simple « clic ». Mince, c’était trop beau. Que se passe-t-il ? Le démarreur a déjà fait des siennes dans le passé, mais voilà de nombreuses années que ça ne s’est pas produit. Je coupe le contact, descends de la machine et brasse l’hélice. Je remonte à bord, nouvelle tentative, même résultat. Je coupe à nouveau le contact, je redescends et je démonte une tôle de refroidissement, ce qui me permet d’accéder au démarreur. Je vérifie les connexions, et bien sûr je ne trouve rien d’anormal…

Lors de ces manœuvres et des brassages d’hélice, je constate que le moteur ne demande qu’à démarrer. Je n’ai jusqu’à présent jamais réussi à le démarrer à la main, le réducteur rendant la tâche difficile. Et si j’essayais malgré tout de le démarrer à la main ? Cela résoudrait mon problème, et me permettrait de me rendre à Étampes où je suis attendu, on m’y a réservé une place de hangar, et j’aurai du support pour faire une éventuelle investigation mécanique. Je cale l’hélice sur une compression, contact, gaz au ralenti, et avec légère poussée sur la pale le moteur démarre au quart de tour ! J’en reste bouche bée ! Peu importe, le moteur tourne, c’est le principal. Le temps de m’installer à nouveau à bord et de vérifier que tout est en place, et je suis prêt à décoller.

J’affiche la puissance, et en quelques dizaines de mètres je suis en vol. Je ne tarde pas à virer vers mon cap de navigation pour profiter de ce qui devrait être un bon vent arrière. Effectivement, stable au cap, un coup d’œil à mon Ipad me montre une vitesse sol supérieure à 100 km/h. Royal! Je continue à monter tranquillement, le cœur léger quand soudain, c’est le silence total ! Enfin presque le silence parce qu’il reste un chuintement aérodynamique, mais une chose est sûre, le moteur ne tourne plus ! Instinctivement, je rends la main et observe le sol. Je ne vois devant moi que des forêts, des maisons, un lac… Je suis à un peu plus de 500’ sol et une pensée me traverse l’esprit : « Cette fois, je vais me faire les arbres ! »

[Ramel]

Quel sens du suspense !