Bon, tout pendant que notre ami Luciano répare son oubli, revenons à notre sujet.
C'est un sujet dramatique, qui est à prendre hyper-au-sérieux, ne serait-ce que par par le nombre de décès qui en résultent.
Tout d'abord, il faut bien comprendre de quoi il est question.
Dans le débat sur ce sujet, il est certes question de la vrille, mais il y a eu incidences sur le "déclenché"...
Ce n'est pas tout-à-fait la même chose, même si les deux phénomènes se rejoignent
in extremis.
Que l'on me pardonne, je vais tenter de préciser l'un et l'autre, au vu de mes expériences propres.
J'avoue que je ne suis qu'un tout petit pilote ex-avion, avec seulement une soixantaine d'heures de voltige sur CAP10, mais qualifié Voltige par Luis PEÑA lui-même... vers les années 1979/80...
Faut bien savoir que la vrille débute (relativement) molle : Pour voir ce que ça donne, tu montes avec ta trapanelle vers les 3000 pieds, tu ralentis en maintenant ton altitude... jusqu'au décrochage, étant bien entendu :
bien à plat (inclinaison zéro, vario zéro).
Là, t'as deux cas :
1 - Ton piège ne décroche pas, il s'enfonce en "parachutal" sans piquer du nez. Y'en a, par exemple les Morane Rallye ... et les Poux du Ciel (peut-être pas tous les modèles...).
2 - Ton piège, fermement maintenu A PLAT (on suppose que tu sais jouer des pieds sur le palonnier) salue et pique du nez (il décroche).
Premier cas, tu rends la main et ça repart comme en 40... Pas de soucis (à ma connaissance).
Second cas, même punition, tu rends la main, BIEN A PLAT, et tout repart à nouveau "comme en 14".
A mon avis, tout pilote devrait faire cet essai sur son propre appareil... avec éventuellement un gus qualifié à côté, s'il n'est pas trop sûr de lui !
Sauf que, dans le deuxième cas, s'il y a une ch'tite dissymétrie de la voilure, ou des volets (c'est un peu le cas de mon Vieux Croâ, qu'aurait des tendances, au cran 1), ou pour toute autre cause (l'aérodynamique, c'est vachard !), tu pars soudain sur une aile, en virage et en descente :
C'est l'entrée en vrille.
Si t'as les bons réflexes, tu contres tout de suite par un bon coup de tatane sur le palonnier du côté opposé ou ça part : départ à gauche = pied à droite, fort et à fond, on caresse pas une minette ! Et dès que récupéré-revenu à plat, manche avant, prise de badin, et c'est reparti pour de nouvelles aventures.
Ça, c'est le départ en vrille tel qu'on se le concocte en voltige... et c'est bien pourquoi je ne cesse de recommander à tout pilote (même et surtout ULM) de tâter quelque peu de la voltige avec instructeur : c'est hyper-formateur, hyper-sécurisant... et hyper-jouissif de surcroît.
Ce genre de manip', je me le suis payé une bonne centaine de fois, en entraînement voltige...
Bon, d'accord, ça coûte, mais des fois la vie est à ce prix ! Et on n'en a qu'une, de vie !
Maintenant que je vous ai bien bassinés avec le côté "mou" de la chose, voyons un peu le côté "dur".
Dans le deuxième cas exposé (envisagé) ci-dessus, on va supposer que le pilote ne réagit pas, ou mal (il sait pas faire).
Alors, le départ en vrille se transforme très vite en vrille, rotation plus ou moins verticale de l'aéronef, avec perte conséquente d'altitude : les tours s'accélèrent, au bout d'environ 3 tours (sur CAP10) la vrille est dite "stabilisée, c'est-à-dire que la vitesse de rotation et la chute sont devenues constantes (à peu-près).
On doit retenir que, dans ces conditions, 1 tour de vrille stabilisée = 300 pieds de perte d'altitude (Si ma mémoire est bonne).
Pas déconner avec ça : 3 tours de vrille centrée (stabilisée), c'est 1000 pieds de perdus !
Auxquels faut rajouter, bien entendu, la perte d'altitude engendrée par le départ en vrille avant stabilisation...
Je répète : on ne joue pas à ça sans être sur un avion de voltige, avec un instructeur... sauf, évidemment si on est autorisé voltige !
Mais le meilleur reste à venir...
Car la vrille n'est qu'un des aspects du problème...
Le cas mortel le plus fréquent, maintes fois répété, décrié, ressassé, par nos instructeurs, je l'ai déjà écrit : "
Attention, le dernier virage tue... TA BILLE, BORDEL ! "
Pourquoi ?
Parce qu'en dernier virage, près à s'aligner sur l'axe de piste, on est à vitesse réduite, et on a tendance à re-serrer sa trajectoire un peu "over-shootante" sur l'axe (because vent de travers, bien souvent).
Et comme la piste est là, presque à portée de
main train, on ne fait pas gaffe à la putain de bille... qui est bien entendu dans le coin... opposé au virage !
Autrement dit, on se trouve en dérapage, avec l'aile intérieure au virage sous-alimentée et à vitesse-air réduite par rapport à l'aile extérieure... d'où décrochage brutal sur cette aile intérieure.
Je précise qu'à 100 pieds, même un champion du monde de voltige qui n'aurait pas anticipé ce phénomène
est foutu.
Or ce phénomène n'est rien d'autre que le "tonneau déclenché" que l'on étudie en voltige, qui s'appelle une "avalanche" quand il est effectué en haut de boucle, et que l'on maîtrise parfaitement en cours d'entraînement voltige.
Et de plus, ce phénomène n'est rien d'autre que la même chose qui survient au cours d'une vrille lorsqu'elle se "stabilise". Sauf qu'en voltige, on apprend à domestiquer la bête... à haute altitude, sécurité oblige !
Reste un dernier aspect, un peu moins brutal : le décrochage en vol glissé (paraît que maintenant on ne dit plus glissé, mais dérapé intérieur, ou je ne sais quelle connerie administrative de la sorte : les connaisseurs me corrigeront, grand merci à eux !

).
Effectivement, il peut y avoir un décrochage en cours de virage glissé : j'ai expérimenté cela sur RF6 avec instructeur, lors de mes tests en vue du TT, à l'époque (ouais, y'a longtemps

).
C'est dû à un décrochage en virage de l'aile extérieure, ralentie alors par rapport à l'aile intérieure au virage, et qui de plus se trouve mas quée par le fuselage. Dans ce cas, le décrochage est beaucoup moins brutal, et l'avion part sur l'aile haute, en ouvrant ainsi le virage : le rattrapage en est beaucoup plus aisé que celui survenant sur virage interne dérapé;
Je dois ajouter que malgré de nombreuse glissades SUR AXE, c'est à dire en ligne droite, quelque soient les conditions que j'ai essayées, je n'ai (pour l'instant) jamais eu le moindre soucis de départ vrillé malencontreux !
Bons vols à toutes et à tous.
Col. JETHRO. (Pioneer P300S, 912ULS, Hélice SR3000-2)
- Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire nous viennent aisément. (N. BOILEAU)
- Les Nombres mènent le Monde (Pythagore)... Si les chiffres gouvernent le monde, ils montrent aussi comment le monde est gouverné (Gœthe)
- De la Théorie à la Pratique, il y a un abîme que seule l'expérimentation rigoureuse permet de franchir... (Bon Sens)