PapaMike a écrit :Pour en revenir à la problématique du turbo basse pression...
Imaginons le montage d'un système qui compense la perte de densité de l'air à l'entrée d'un 912S. (turbo, compresseur, mécanique, électrique,...)
Imaginons également que l'hélice à pas fixe soit conservée, si celle-ci est adaptée à la plage de vitesse autorisée par la cellule.
Cela permettrait-il déjà d'exploiter les performances du moteur au mieux ? ( meilleur mélange air-carburant )
Autrement dit, cela permettrait-il de réduire sensiblement le régime en altitude ?
Cela résulterait-il en une économie de carburant ? Les carburateurs envoient-il une quantité de carburant en fonction de la vitesse de l'air ou en fonction de la quantité d'air qui entre dans le moteur ? La question pourra vous sembler idiote,
mais même ma première voiture était déjà à injection électronique 
Bonjour papaMike,
Alors toi, t'es un "djeun", si t'as pas connu les bagnoles à carbus !
Bon, ceci dit, y'a pas de question idiote. Ce qui est idiot, c'est de ne pas poser de question quand on ne sait pas, ou qu'on ne comprend pas...
Éléments de réponse simples :
- La densité de l'air diminue avec l'altitude, ça tu le sais déjà, et plusieurs intervenants en ont discuté précédemment ici même,
- La puissance fournie par le moteur est fonction de la quantité d'air que le papillon des gaz autorise à circuler dans le carbu,
- Le flot d'air est réglé par ledit papillon des gaz selon son angle d'ouverture (position de la manette des gaz),
- Un carburateur sert à vaporiser l'essence dans le flot d'air qui le traverse (position du papillon des gaz = position de la manette),
- Et c'est le flot d'air qui circule dans le carbu qui vaporise cette essence de façon à obtenir un réglage optimum de la richesse (rapport dit "stœchiométrique" du carburant et de l'air).
Donc, à
angle d'ouverture du papillon des gaz identique au niveau mer et en altitude, la quantité d'air admise dans le carbu sera obligatoirement diminuée selon la diminution de la densité de l'air ambiante avec l'altitude, d'où diminution de la
puissance disponible.
Mais comme c'est la traction du groupe motopropulseur (moteur + hélice) qui permet à l'avion de voler en développant la portance = poids de l'avion, et que le poids, lui, est indépendant de l'altitude, la même puissance est nécessaire pour tracter l'avion (
en première approximation, et en négligeant les conditions de traînée pour l'instant).
Du fait que plus on monte, moins on a de puissance, et comme on veut conserver les caractéristiques de vol, on ouvre donc de plus en plus le papillon de gaz pour contrer cette diminution de puissance.
Ça, c'est le cas normal d'un moteur atmosphérique normal, non suralimenté. Il y a donc une altitude où même avec la manette des gaz ouverte à fond (plein gaz), on perd de la puissance si on continue à monter (si on peut !).
Maintenant, si, au contraire, la pression, donc la densité de l'air entrant dans le carbu, est maintenue à sa valeur niveau mer, on ne perd plus de puissance en montant, jusqu'à ce que le dispositif quelconque de suralimentation ne puisse plus, à son tour, maintenir cette pression.
Tu comprends évidemment que dans ce cas, on peut grimper bien plus haut que dans le cas précédant.
Mais... Y'a toujours un "mais".
Comme la densité de l'air diminue avec l'altitude, sa résistance à l'avancement diminue également !
Donc, tout diminue à la fois : la résistance opposée par l'air au déplacement de l'avion, mais aussi la résistance opposée par l'air à la rotation de l'hélice.
C'est la diminution des traînées corollaire à la diminution de la densité de l'air (tu sais bien, le
1/2.rhô.Cx.S.V2) : si tu diminues par 2 la densité, toutes choses égales par ailleurs, tu diminues d'autant tes traînées...
L'avion peut avancer plus vite avec la même puissance (alors attention à la
Vne), mais le moteur peut aussi tourner plus vite pour cette même puissance fournie, et là, attention aux limites moteur !
Il faut donc réduire les gaz pour éviter l'emballement du moteur, et surveiller sa vitesse de vol : un avion, ça se pilote, c'est pas une charrue !
C'est d'ailleurs là l'un des avantages de l'hélice à pas variable, qui permet aisément de gérer cette problématique... à condition de savoir le faire !
Ce n'est pas pour rien que c'est une qalif' spéciale réclamée aux PPL... mais pas aux Ulmistes !
En conséquence, pour répondre complètement à tes questions, relativement à un moteur suralimenté à pression niveau mer constante entraînant une hélice à pas fixe :
- Oui, ton moteur tourne toujours au meilleur régime pour lequel en principe les réglages sont optimisés,
- Oui, il faut réduire les gaz (mais en maintenant le régime de rotation) en haute altitude pour les raisons que je t'ai exposées plus haut, à savoir la vitesse de l'avion (V
ne) et le risque d'emballement du moteur (RPM max).
- Oui, en montant en haute altitude, tu peux réduire ta consommation de carburant dans de bonnes proportions : c'est bien pour cela que les avions commerciaux volent très haut !
J'espère t'avoir au moins sommairement éclairé.
Bons vols !

Col. JETHRO. (Pioneer P300S, 912ULS, Hélice SR3000-2)
- Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire nous viennent aisément. (N. BOILEAU)
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