MYR a écrit :Merci à tous pour ces réponses très érudites. Avant de passer à la suite, pardonnez ma naïveté et ma sottise svp. Je fais partie des gens qui n'ont pas peur de passer pour c.. ...
Toute question, même naïve, est respectable lorsque cette question conduit à une meilleure compréhension du sujet auquel elle se rapporte.
Le pire crétin est celui qui ne veut pas apprendre, et le pire connard est celui qui pontifie du haut d'un tout petit savoir parcellaire.
Ceci étant, ton questionnement porte sur un sujet particulièrement "tordu" : le très vaste sujet des hélices !
Déjà que tout ce qui touche à l'aérodynamique est hyper-difficile à appréhender (ça commence par les équations de Bernoulli, de Saint-Venant et de Navier-Stokes...), pour se complexifier encore avec ce qui touche les profils porteurs (Prandlt, Munk, théorie de la ligne porteuse, nappe tourbillonnaire de Kutta-Joukovski, etc., etc.), cela atteint un sommet avec les hélices, qui sont des profils porteurs gauchis...
Il suffit de se plonger dans un bouquin qui traîte d'aérodynamique pour se noyer vite-fait dans des considérations compliquées à base d'intégrales triples... sur des pages et des pages : mal au crâne garanti !
... Ma question qui porte sur le régime de rotation d'une hélice donc sur le taux de réduction ne concerne pas une utilisation avec un ULM précis. L'objectif est d'y comprendre quelque chose mais pas spécialement d'appliquer à un cas de profil aérodynamique de cellule d'ULM précis.
Je pense qu'il n'y a pas de régime de rotation idéal standard.
Tout dépend en fait de beaucoup de facteurs, et pour faire très-très simple (comme le dit plus haut YankeeRoméo) :
- La taille de l'hélice est le premier facteur à prendre en compte, parce que la dite hélice est soumise à une loi physique précise : la vitesse du son dans l'air.
Cette vitesse est de 340 mètres par seconde, dans l'air à 15° C à pression de 1013,25 hectopascals et à humidité relative comprise entre 45 et 70% (sauf erreur ou omission).
C'est la vitesse aussi appelée Mach 1.
Or, pour qu'une hélice présente de bonnes caractéristiques de rendement, il ne faut pas que sa vitesse circonférentielle soit supérieure à 0,7 de Mach, soit à 238 m/s : au delà, les performances se dégradent très vite, et le bruit et les vibrations générés deviennent épouvantables.
Comme c'est évidemment le bout de pale de l'hélice qui présente la vitesse circonférentielle la plus élevée, on se trouve non moins évidemment tributaire du couple vitesse de rotation-diamètre, liés par la formule
Vcirc = Pi.D.N/60 (avec V
circ en mètres par seconde, D en mètres, N en rpm).
- Deuxièmement, le diamètre de l'hélice est limité par le hauteur de la cellule porteuse au-dessus du sol, donc par la hauteur du train d'atterrissage, de façon à permettre une garde au sol convenable entre le bout de pale et le sol, en ligne de vol, amortisseur affaissé à fond, pneu à plat.
Un exemple bien connu : le fameux F4U-Corsair de Papy Boyington avait des ailes en W parce qu'alors, on ne savait pas réaliser des trains d'atterrissage suffisemment longs pour pouvoir utiliser l'hélice de 4 mètres de diamètre prévue pour bénéficier de toute la puissance du moteur... alors que quelques années plus tard, le F8F-Bearcat avait un train plus long mais des ailes à plat, avec un moteur encore plus puissant !
- Troisièmement, si le diamètre de l'hélice ainsi défini ne convient pas pour la puissance du moteur que l'on veut exploiter, il faut augmenter le nombre de pales : Les Spitfires prototypes étaient bipales, les premières séries : tripales, puis quadripales, enfin les derniers produits étaient quintipales...
- Quatrièmement, la vitesse de translation de l'aéronef intervient évidemment sur la vitesse circonférentielle d'extrémité de pale... selon la formule bien connue de ce bon vieux Pythagore : le carré de l'hypothénuse...
Pour rester concret et en revenir à mes moutons (c'est à dire au moteur Ecoboost dont les courbes sont affichées au dessus), je constate que pour une même puissance il y a un régime plus bas et un couple plus important que le Rotax qui est le moteur fétiche des ULMistes. Le Ecoboost semble donc avoir de meilleures potentialités, d'autant que la courbe de couple est parfaitement plate, et le couple max immédiatement atteint dès que l'on quitte le régime de ralenti.
Le 912S a un réducteur unique de 2,43. Cela donne un régime hélice max de 2 387 pour 5800 rpm moteur. Si on donnait ce même régime à l'hélice d'un Ecoboost (il faudrait une réduction de 1,78) il aurait certainement les mêmes performances que le 912S aux hauts régimes (~ même puissance, et ~ même couple compte tenu du taux de réduction du 912S). En revanche pour les régimes faibles (où il y a beaucoup de puissance chez le Ecoboost) on arriverait à un régime hélice très bas ! C'est pour cette raison que je m'interroge et vous interroge et que j'ai titré ce sujet : Régime de rotation idéal pour les hélices d'ULM ? Je connais bien l'adage "plus le régime hélice est bas, mieux, c'est", mais il y a forcément une limite. Pour raisonner par l'absurde : on ne peut pas faire tourner une hélice d'ULM à 60 tr/mn ...
Il faut ARRÊTER de se masturber l'encéphale avec la notion de couple.
Le couple est défini physiquement comme le produit d'une force (statique) par une longueur (
Cpl=m.gamma.L, avec m en kilos, gamma= accélération de la pesanteur, L en mètre, on obtient C
pl en newtons.mètre).
C'est donc une valeur STATIQUE : un moteur arrêté présente un couple. Un écrou "torqué" présente un couple. Une bougie en place a été serrée à un couple bien précis. Rien ne bouge, ce ne sont que des valeurs statiques.
Et la simple physique de base nous apprend que pour faire bouger quelque chose à une certaine vitesse, il faut de la PUISSANCE, que l'on chiffre selon la formule P
w = C
pl.V (avec P
w en watts, C
pl en newtons.mètre, V en mètres par seconde).
Seule la puissance est une notion dynamique, et seule la PUISSANCE permet d'entraîner l'hélice.
Par ailleurs "
plus le régime est bas,mieux c'est"... hum ! Certes, plus le régime de rotation est faible, plus faible est aussi la force d'arrachement exercée sur le pied de pale (et ça va vite, comme le carré de la vitesse de rotation), mais à puissance et vitesse de translation égales, cela implique un plus grand diamètre, ou plus de pales... et dans tous les cas un pas plus grand !
A titre d'exemple concret volontairement extrême : Pour une puissance très basse de ~ 45 hp ou 33 kW (mais qui cependant selon moi permettrait de faire tenir en l'air tous les ULM), on arriverait à un régime hélice de ~ 1000 rpm (!!!) pour 302 Nm avec le Ecoboost : qu'en pensez-vous ? est-ce exploitable ?
OUI et NON: Tout dépend du pas de l'hélice utilisée
ET de la vitesse de translation de l'appareil, mais plus précisément de la plage de vitesses de translation pour laquelle ledit aéronef est prévu !
Si la plage de vitesses de translation dans laquelle doit évoluer l'aéronef considéré est étroite (partant du plancher légal de 65 km/h), soit par example de 65 à 120 km/h max, c'est tout-à-fait concevable.
Si la plage de vitesses de translation dans laquelle doit évoluer l'aéronef considéré est très large au contraire, soit par example de 65 à 250 km/h, ça ne jouera que si l'aéronef est équipé d'une hélice constant-speed, ou à tout le moins d'une hélice pas ajustable en vol.
Pour info, le bombardier B29 (superfortress) avait des hélices
constant-speed quadripales de 5,15 m de diamètre, tournant à 980 rpm, entraînées par des moteurs de 2200 cv... et volait à plus de 400 km/h en régime de croisière !
De façon très très très intuitive, je me dis que même à un si faible régime, vu le couple (302 Nm) qui est tout de même proche du max du 912S (328 Nm), l'hélice pourrait avoir un pas relativement élevé et une force de traction suffisante, cela permettrait d'avoir une faible consommation aux faibles vitesses puisque le régime moteur est bas. En même temps, ce pas important pourrait quand même lui permettre d'atteindre des vitesses élevées ! (Au régime max continu de ces 2 moteurs, le Ecoboost réducté à 1,78 @ ~4250 rpm a le même couple que le 912S à 5500 rpm, mais il a plus de puissance : 100 hp à ~4250 rpm pour le Ecoboost, et 96,5 hp pour le 912S).
Est-ce que je phantasme ?
Oui, c'est un fantasme (ou phantasme, les deux écritures sont acceptées

) : si un pas élevé pour une faible vitesse de
rotation peut permettre le vol à faible vitesse de
translation, ce pas beaucoup trop élevé pour une forte vitesse de
rotation ne permettra même pas d'atteindre la vitesse de rotation pour laquelle le moteur délivrerait sa meilleure puissance en vue d'obteni une
vitesse de translation beaucoup plus élevée.
Cette hélice freinera beaucoup trop le moteur, et étant pratiquement totalement en décrochage, ne procurera pratiquement pas ou peu de traction, d'où un rendement ridicule !
Voir ma réponse ci-dessus : hors du pas variable, point de salut !
Cordialement,
Col. JETHRO. (Pioneer P300S, 912ULS, Hélice SR3000-2)
- Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire nous viennent aisément. (N. BOILEAU)
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