Aeroxav a écrit :Bonjour à tous,
Une âme chéritable pourrait-elle m'expliquer la différence entre une hélice à 4 et à 3 pales? Y a-t-il des différences de performances en terme de vitesse, d'acoustique, de consommation, etc...? Je ne parviens pas à comprendre ce qui justifie que certaines machines soient équipées en 3 pales et d'autres en 4.
Par avance merci
Bons vols à tous
Bonsoir Aerovax,
"chéritable", je suppose que tu as voulu dire "charitable"...
Tu as de ces questions...
... Qui supposent que tu ne connais strictement rien à l'hélice aérienne !
Ça craint !
Bon, en tant qu'âme charitable, je m'en vais essayer de faire une B.A. qui me sera peut-être récompensée par un bout de coin de paradis de pilote...
On va supposer que tu as bien intégré le fonctionnement de l'aile d'un aéronef... et je vais essayer de t'en rappeler les (très) grandes lignes :
- Une aile est un solide d'une forme bien définie ( profil), d'une longueur bien définie (envergure), d'un allongement bien défini (rapport entre la corde et l'envergure), qui se déplace dans un fluide d'une densité bien connue, avec une certaine vitesse.
- Cette aile subit, en fonction de sa position (inclinaison ou angle d'attaque) dans l'écoulement du fluide, de son profil, de son envergure et de son allongement, une force de freinage (dite force de traînée), et une force de sustentation, (dite force de portance).
Une pale d'hélice n'est rien d'autre qu'une aile :
- elle en a la forme bien définie, que l'on appelle le PROFIL (même profil que pour une aile),
- elle en a la longueur (l'envergure), qui n'est autre que son rayon maximal de rotation autour de son axe d'entraînement,
- elle en a un certain allongement (rapport entre sa corde et sa longueur),
- elle se déplace dans l'air qui a une densité bien connue : 1,225 (g/L, ou kg/m
3),
- et elle s'y déplace avec une
vitesse de rotation bien connue, en tours par minute (rpm).
Mais ce qui différencie la pale d'hélice d'une aile d'avion, c'est que la pale est entraînée par une de ses extrémités selon un axe de rotation : ceci implique que la vitesse avec laquelle la pale se déplace dans l'air varie en fonction de son rayon, ou plus exactement, en fonction du rayon considéré... qui est sa
vitesse circonférentille au point du rayon considéré, et c'est bien là que ça commence à se compliquer... !
De plus, l'hélice n'est pas conçue pour fonctionner en tant que truc-machin immobile au sol (ça, ça s'appelle un ventilateur !) : l'hélice est faite pour entraîner un mobile aérien dans le fluide air, à une certaine
vitesse sur une trajectoire définie (différente de la vitesse circonférentielle).
Toujours pour faire simple, une pale d'hélice, en tournant, subit donc deux forces : une force de "sustentation" (comme une aile) dite ici force de "traction" (ou de propulsion pour une hélice propulsive), et une force de traînée, qui est à vaincre par la puissance motrice.
On conçoit donc dès lors, que plus le nombre de pales est grand, plus l'hélice est capable de tracter (ou de pousser)... mais qu'aussi, inéluctablement, plus le nombre de pales est grand, et plus l'hélice nécessite de puissance pour vaincre sa force de traînée !
C'est donc en jouant à la fois :
- sur le profil,
- sur l'allongement,
- sur le rayon maximal de rotation (limité par la hauteur disponible selon le train d'atterrissage... et par la vitesse du son dans le fluide),
- sur la vitesse de rotation (limitée par le moteur/réducteur, et également par la vitesse du son dans le fluide),
- sur le nombre de pales,
- ET surtout en tenant compte de la vitesse de translation (prévue ou espérée) du mobile aérien considéré,
que l'on peut alors seulement établir un projet d'hélice pour ledit mobile aérien qui présente des chances d'être... pas trop mal adapté.
Pour te répondre encore plus simplement, une hélice à deux pales larges peut tirer aussi fort qu'une hélice à trois pales plus étroites mais de même diamètre, les deux hélices nécessitant la même puissance... le résultat final complet dépend de bien d'autres facteurs.
Une hélice est un problème tordu, qui n'est pas facile à résoudre.
Des centaines d'ingénieurs se sont penchés sur ce problème depuis des décennies... sans jamais l'avoir complètement résolu : il est donc extrèmement difficile de le cerner sans se contraindre à de très profondes réflexions... plus ou moins mathématiques... et d'un certain niveau !
Bien cordialement,